Chili: l’Eglise condamnée à indemniser les victimes d’un prêtre pédophile

Chili: l’Eglise condamnée à indemniser les victimes d’un prêtre pédophile

28 mars 2019 0 Par khalil
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Diass-Infos : Au Chili, la justice a condamné l’Eglise à indemniser trois victimes d’un prêtre pédophile. Une décision historique, et une victoire pour les plaignants qui se battent depuis plus de 15 ans pour faire reconnaître la vérité et obtenir justice dans la plus retentissante des affaires de pédophilie jamais révélée dans le pays. Le charismatique prêtre Fernando Karadima, exclu du clergé l’année dernière, a en effet agressé sexuellement pendant des années de jeunes fidèles de sa paroisse. Malgré plusieurs plaintes, l’Eglise n’a pas réagi jusqu’à ce que les victimes dénoncent les faits dans les médias, en 2010.

De notre correspondante à Santiago,

L’Eglise, qui devra verser l’équivalent de 130 000 euros à chacun des trois plaignants, a décidé de ne pas faire appel. C’est un soulagement pour les victimes, qui ont été agressées sexuellement par le même prêtre dans les années 1980 et 1990. Juan Carlos Cruz, James Hamilton et José Murillo vont être indemnisés pour préjudice moral, à cause de la « négligence coupable » de l’Eglise dans cette affaire. C’est la première fois que l’Eglise chilienne est condamnée par la justice à indemniser des victimes de violences sexuelles.

Sur les réseaux sociaux, les trois plaignants se sont réjouis de la décision de la cour, et James Hamilton a souhaité « offrir à toutes les victimes de violences sexuelles cette victoire de la vérité et de la justice ».

Inaction de l’Eglise

Ces trois hommes incarnent la lutte contre les violences sexuelles au Chili, depuis qu’ils ont témoigné à la télé en 2010, alors que l’Eglise soutenait leur agresseur. Et leur combat n’a pas cessé depuis, à tel point que le pape François les a même invités au Vatican l’année dernière.

Cette décision de justice met l’Eglise encore dans l’embarras. De plusieurs années déjà l’Eglise catholique est profondément en crise au Chili, principalement à cause des nombreuses affaires de pédophilie. Mais paradoxalement, dans un communiqué publié ce mercredi, l’archevêché de Santiago s’est dit satisfait de la décision de la Cour ; il reconnaît avoir fait des erreurs, mais il assure que le jugement ne démontre en aucun cas que l’Eglise aurait couvert ce prêtre pédophile.

Pourtant, à en juger par des extraits de la décision, publiées dans les médias chiliens, la Cour a bien établi dans cette affaire que les victimes n’avaient «pas été écoutées», et que l’Eglise «par son inaction» avait «protégé» leur agresseur.

Plus de 250 victimes…

En réalité, l’Eglise a très peur de devoir payer des millions et des millions de pesos pour indemniser les différentes victimes de prêtres pédophiles dans le pays. Selon le parquet chilien, elles seraient plus de 250 à travers tout le Chili.

Cette décision de justice intervient quelques jours après que le pape a accepté la démission de l’archevêque de Santiago, la plus haute autorité de l’Eglise chilienne. C’est le huitième évêque que le pape écarte de ses fonctions depuis que tous les membres de la conférence épiscopale du Chili ont démissionné en bloc, en mai dernier, face à l’ampleur des scandales de pédophilie dans le pays.

L’ex-archevêque de Santiago, Ricardo Ezzati, clame son innocence mais va devoir faire face à la justice : ici au Chili, il est mis en examen dans trois affaires, soupçonné d’avoir couvert des prêtres accusés d’agressions sexuelles et de viol.

Au total, 148 enquêtes sont ouvertes en ce moment devant les tribunaux chiliens pour des cas violences sexuelles dans l’Eglise.