Oumar Sall, le producteur aux mains d’or

Oumar Sall, le producteur aux mains d’or

3 mai 2019 0 Par khalil
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Diass-Infos : Le portrait éco du jour est celui de Oumar Sall, le producteur sénégalais le plus en vue du moment. L’un de ses films, « Atlantique » de la Sénégalaise Mati Diop, est d’ailleurs sélectionné pour le Festival de Cannes.

Depuis ses débuts, Oumar Sall est un producteur qui transforme en or tout ce qu’il touche. Dernier exemple en date, le film de Mati Diop, Atlantique, elle sera en compétition officielle à Cannes, aux côtés des plus grands cinéastes de la planète. Cela faisait 27 ans qu’un film sénégalais n’avait pas été sélectionné à Cannes, et c’est la première fois qu’un producteur venu de ce pays y fait son apparition. Une performance pour le producteur de 46 ans. Mais avant cela Oumar Sall avait déjà connu de beaux succès avec, notamment, Félicité, le film d’Alain Gomis. Grand prix du jury à la Berlinale de 2017, Étalon d’or au Fespaco la même année, Félicité a mis en lumière le duo formé par Oumar Sall et Alain Gomis. Ensemble, ils avaient déjà remporté un Étalon d’or à Ouagadougou pour le film Tey.

À la tête d’une société baptisée Cinekap, Oumar Sall   et c’est l’une de ses particularités   déploie ses activités sur plusieurs continents. Le critique de cinéma, Baba Diop y voit une preuve de son ambition et de sa grande qualité, le flair. « Il a participé à la production exécutive du film Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier, mais aussi de Cessez-le-feu d’Emmanuel Courcol, avec Romain Duris, ou encore Fidélio de Lucie Borleteau, nommé aux Oscars en 2015. C’est quelqu’un qui sait choisir ses scénarios et ses collaborations. »

Pourtant, rien ne prédestinait ce gestionnaire, féru d’économie et de finances, à devenir producteur. Diplômé d’économie, Oumar Sall a longtemps travaillé comme directeur de sociétés à Dakar, avant d’administrer des productions de courts métrages et de clips publicitaires. Ce féru d’art et de philosophie se prend alors de passion pour le cinéma et part en formation, entre 2005 et 2008, à L’INA, l’institut national de l’audiovisuel, en France. Une étape décisive dans sa carrière. « Ce stage a été un élément catalyseur de ma carrière. Il m’a permis d’avoir une bonne maitrise en gestion et organisation de production, en montage de productions audiovisuelles. J’ai fait un peu de juridique et d’administration, parce que pour moi, un producteur, à la base, c’est d’abord un gestionnaire. »

Dans un pays où les producteurs de films ne sont pas légion, et où l’argent du cinéma a tendance à venir des bailleurs de fonds français, Oumar Sall décide d’inverser les logiques. « À l’époque, au Sénégal il y avait ce concept du “cinéma-réalisateur”, j’avais aussi constaté que la production était, en quelque sorte, une chaise vide. En général gérée par les gens du Nord. Mais à la base, on ne peut pas dissocier l’aspect créatif et la gestion. Moi, mon modèle est basé sur cela. Comment arriver à mieux organiser la fabrication. »

Cet homme, que le cinéaste Alain Gomis qualifie « d’extrêmement rigoureux » a donc pour ambition de faire naître une industrie cinématographique au Sénégal. Oumar Sall a mis sur pied une école pour jeunes scénaristes et réalisateurs. Il produit des séries, des courts métrages et aussi des publicités commerciales, tout en développant ses activités en Europe. Son rêve ? Puiser dans le répertoire des héros panafricains pour produire une série à grand spectacle sur le modèle de Game of Thrones.

RFI