PREMIERS CONSTATS D’APRÈS MAGAL

PREMIERS CONSTATS D’APRÈS MAGAL

7 octobre 2020 0 Par khalil
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Au grand Magal de Touba, la ferveur l’a emporté sur la prudence

Malgré la crise sanitaire, les pèlerins ont, comme à l’accoutumée, envahi en rangs serrés la grande mosquée et les alentours des différents mausolées.
Une foule de fidèles de la confrérie musulmane des mourides a afflué mardi 6 octobre à Touba à l’occasion du pèlerinage du grand Magal, le premier rassemblement d’ampleur au Sénégal depuis l’apparition du coronavirus, a constaté un correspondant de l’AFP.
Les disciples, qui se pressent chaque année par millions à Touba pour ce rendez-vous incontournable des membres de la confrérie des mourides, ont comme à l’accoutumée envahi en rangs serrés la grande mosquée et les alentours des mausolées de cette ville du centre du pays, qu’ils considèrent comme sainte.
« Nous suivons les consignes données par le khalife général qui sont de porter le masque et faire la queue pour les prières dans la discipline », a affirmé Malick Niane, employé de la grande mosquée.
Des masques, du gel et des sacs en papier pour ranger les chaussures ont été distribués à l’entrée des édifices pour contrer la pandémie, mais la ferveur l’a emporté et la distanciation prônée est devenue impossible à faire respecter, selon les images des télévisions sénégalaises.
Le grand Magal (« célébration » en wolof) marque l’anniversaire, dans le calendrier musulman, du départ en exil le 12 août 1895 du fondateur du mouridisme à la fin du XIXe siècle, Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), dit Serigne Touba.
« Les fidèles sont venus en masse »
« C’est que du bonheur. Nous avons l’habitude de dire que Serigne Touba a toujours la solution. On craignait que le Magal n’ait pas lieu mais, finalement, les fidèles sont venus en masse, il n’y a presque plus de place », a déclaré à l’AFP Ndeye Diobe Ndiaye, une fidèle mouride. « Cette année, malgré la pandémie, le Magal a pris de l’ampleur. On remercie Dieu, Serigne Touba nous a bénis ! », abondait un autre pèlerin.
Jamais depuis l’apparition du coronavirus, le Sénégal n’a connu de manifestation d’une telle ampleur. En mars, quand la pandémie avait atteint le pays, l’ensemble des confréries soufies avaient annulé leurs rassemblements, s’alignant sur les décisions fermes des autorités civiles. Les célébrations collectives ont été réduites au minimum pendant des semaines.
Depuis, face aux dégâts économiques et sociaux, le gouvernement a levé le couvre-feu et l’état d’urgence. Il s’enorgueillit aussi prudemment de l’efficacité de sa riposte sanitaire. Le pays compte officiellement plus de 15 000 cas, dont 312 morts.
Les mourides, d’obédience soufie (sunnite), forment l’une des quatre principales confréries qui continuent à jouer un rôle prépondérant dans la vie quotidienne des Sénégalais, musulmans pour plus de 90 % d’entre eux. Les chefs en sont des figures éminemment respectées, écoutées des politiques.
L’autre grande confrérie, les tidianes, n’a pas encore arrêté sa position sur l’organisation de son propre rassemblement majeur, le Gamou, fin octobre à Tivaouane, à environ 90 kilomètres à l’est de Dakar. En attendant ce second rendez-vous, l’évolution épidémiologique sera scrutée avec attention au lendemain du grand Magal, tant la proximité à laquelle donne lieu le pèlerinage semble propice à la propagation du coronavirus.
Le Monde avec AFP