LA PALABRE (SANGOU)

LA PALABRE (SANGOU)

16 septembre 2019 0 Par khalil
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PAP SECK/DIASS-INFOS : La palabre est une coutume de rencontre et de création ou de maintien de lien social. Cela permet également de régler un contentieux sans que les protagonistes ne soient lésés.

C’est une passerelle ludique entre deux mondes

Pour bien comprendre les origines et les objectifs de l’ancienne pratique de la palabre, il faut se replacer dans la cosmologie de l’univers sociopolitique des sociétés africaines de l’époque. Avec le développement de l’État moderne, les institutions traditionnelles informelles ont été absorbées. L’importance de la palabre et le rôle qu’elle jouait dans la société se sont affaiblis pour se réduire à un organe ordinaire, semi-traditionnel ou semi-administratif, voire à une simple coutume.

On ne peut pas occulter la palabre dans l’organisation de la société saafi se dit ferment oumar thiandoum de RAFO. La palabre doit être considérée comme la voie qui contribue au décollage politique et économique, car ce lieu qui n’appartient à personne est non seulement neutre, mais il est entièrement voué à la recherche de la vérité et à la réparation des torts par la justice. De ce fait, la palabre doit être prise en compte. Rajoute le vieux thiandoum.

 

L’arbre à palabres ne se manifeste pas exactement de la même façon partout où on y recourt. Mais il reste un idéal à atteindre pour un meilleur fonctionnement de la société. Nous dit le vieux mbaye faye dans ce même village car pour lui pour un bon fonctionnement de la société il faut recourir à la palabre.

Le concept de gouvernance prend son origine dans le continent africain, car l’homme, qui est bon de nature (mais rendu mauvais par la société), a toujours cherché son bonheur sur terre. Or, le bonheur ne peut venir que par la bonne gestion de l’espace public.

La palabre est ce lieu traditionnel de rassemblement à l’ombre duquel les citoyens s’expriment librement sur la vie en société, sur les problèmes du village, sur la politique à mener et sur l’avenir. C’est un mode ancestral de résolution et de règlement de litiges. C’est aussi une école de la vie, car les enfants viennent écouter des histoires racontées par un ancien du village. Les acteurs venaient de différents horizons, et ils représentaient différents secteurs de la vie. Avant l’écriture, il y avait la parole, et la parole était au centre de la vie. Les Africains ont conservé ce principe sacré à travers l’importance qu’ils accordent à la parole et, par ricochet, à la palabre. Tout se réglait et se transmettait par la parole dans la société traditionnelle qui ne connaissait pas l’écriture. C’est la parole qui établissait le lien social et qui était mise en exergue pour résoudre les conflits sociaux. C’est la parole qui était mise au centre de la palabre dans sa forme spécifique de médiation.  Réunis en assemblée autour d’un arbre ou simplement dans un lieu public, tout le monde est impliqué, sans distinction de classe sociale et de sexe.

Dans les sociétés traditionnelles SAAFI, il y a, dans chaque village, un lieu de rencontre appelé SANGOU L’emplacement de ce lieu de rencontre importe peu raconte thiandoum. Il peut être situé au centre du village, à l’entrée ou parfois loin des concessions. C’est un lieu traditionnel de rencontre qui regroupe les populations d’un même village ou d’une même contré rajoute il à notre endroit.

S’inspirer de la palabre pour construire l’avenir

Pour être acceptés plus largement par les populations, assurer la prise en compte de ces dernières dans leur diversité, tenir compte des différentes configurations territoriales et garantir une coexistence sociale pacifique, les processus de régulation des sociétés ne peuvent plus s’exercer de façon verticale et unilatérale depuis un seul échelon décisionnel, car l’enjeu actuel réside dans la capacité à intégrer la multiplicité des acteurs venant de différents horizons qui concourent ensemble à la réalisation d’objectifs collectifs de l’action publique. Pour retrouver l’esprit de la palabre, kur saafi doit rétablir le lien qu’elle a perdu entre la société et les institutions.

Nous devons  apprendre à reprendre ce qu’on a perdu nous conseille mbaye faye.  Si la population est écoutée et, en plus, associée à la prise des décisions importantes qui concernent la vie en commun, les règles  seront facilement acceptées et appliquées par tous.

Dans la palabre, la violence brute est remplacée par les mots, par le verbe. Réconcilier les parties par la recherche d’un consensus, restaurer la paix dans la communauté (si elle a été perturbée par un conflit), initier le développement local en sollicitant la contribution réflexive de chacun sont là les principaux objectifs poursuivis par l’institution de la palabre. Une telle insistance sur la palabre recèle quatre préalables qui relèvent de la gouvernance moderne : la coordination, la transparence, la reddition des comptes et le compromis (consensus).