La question des écoles coraniques reste très sensible

La question des écoles coraniques reste très sensible

12 décembre 2019 0 Par khalil
Publicités

Diass-Infos : Au Sénégal, la récente affaire d’élèves enchaînés dans une école coranique a relancé le débat sur le statut de ces structures, appelées « daaras », qui enseignent aux enfants la mémorisation du Coran, et qui restent en dehors du système éducatif national. Le gouvernement avait promis une loi qui créerait un cadre juridique pour les écoles coraniques. Mais le processus traîne. La question reste sensible.

Difficile de savoir précisément combien de daaras fonctionnent au Sénégal. La fédération des écoles coraniques avance le chiffre de 22 000, mais il n’existe pas de statistiques officielles. Pas de statut légal non plus : « Aujourd’hui, n’importe qui peut ouvrir une école coranique », regrette le sociologue Mamadou Wane. L’État veut pourtant encadrer le secteur, lutter aussi contre la mendicité des élèves de certaines structures.

Encadrer l’enseignement coranique

Il mise notamment sur le projet d’appui à la modernisation des daaras. Pour Mamadou Mbodj Diouf, son coordonnateur, « l’État s’est fixé comme objectif d’encadrer ces formations d’enseignement coranique, mais surtout lui adjoindre des formations en termes de connaissances de base du français et de l’arabe. »

Le projet porte sur une soixantaine de daaras dits « modernes », mais il a pris du retard. Quant au projet de loi sur les daaras, il a bien été adopté en Conseil des ministres en juin 2018, mais n’a toujours pas été soumis à l’Assemblée.

La méfiance est historique, rappelle Mamadou Mbodj Diouf : « Avant l’indépendance du Sénégal, il y avait des rapports heurtés entre le milieu maraboutique qui détenait l’enseignement coranique et les administrateurs coloniaux. Maintenant après l’indépendance, l’administration sénégalaise a continué aussi à attiser cette méfiance-là. »

Crainte d’être « absorbés » par l’Éducation nationale

Suspicion, résistance de certains maîtres coraniques qui craignent d’être « absorbés » par l’Éducation nationale, la question de fond, selon le chercheur Bakary Samb, reste de construire un système éducatif unifié au Sénégal.