Le poisson, une denrée rare et chère

Le poisson, une denrée rare et chère

31 août 2020 0 Par khalil
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Dans ce reportage, les acteurs des marchés de Soumbédioune et de Hann exposent toute leur détresse

En général, pendant la période d’hivernage, le poisson ne remplit pas les étals, dans les marchés dédiés de Soumbédioune et de Hann. A cette situation s’est greffée la pandémie de la Covid-19qui a drastiquement fait baisser les chiffres d’affaires à 75% selon les pêcheurs, mareyeurs et autres vendeuses des quartiers de Dakar. Dans ce reportage, les acteurs des marchés de Soumbédioune et de Hann exposent toute leur détresse.

Soumbédioune. Connu pour son village artisanal mais surtout pour son marché aux poissons couru par les Dakarois, le lieu qui grouillait de monde dès le milieu de l’après-midi est devenu presque désert en cette période de pandémie. Le poisson, rare en hivernage, est devenu cher. Les quelques prises débarquées sur la plage se vendent difficilement. Elles ne font même plus l’objet de commandes des hôtels et restaurants qui inscrivent cette denrée sur leurs cartes de menu. Une situation durement ressentie par les pêcheurs et mareyeurs. Sur place, le jalonnement des pirogues le long du quai de pêche laisse deviner une forte diminution de l’activité. Modou Guèye, fraichement descendu de sa pirogue après avoir déchargé la pêche du jour qu’il doit livrer à son client se confie: «Oui, nous revenons de 4 jours passés en mer. En cette période d’hivernage, trouver du poisson c’est extrêmement difficile. Parce que les eaux se mélangent et les poissons se retranchent sous les rochers et autres refuges. Ensuite, à tout moment la situation peut être compliquée parce qu’il peut y avoir des vents et des tempêtes. Comme vous le constatez, il y a beaucoup de pirogues sur le quai, mais en temps normal, ça ne se passe pas comme ça. C’est dire que les pêcheurs ne vont plus en mer». Conséquence, dit-il: «Notre chiffre d’affaires a drastiquement baissé. Donc, nous vivotons».

UNE BAISSE DE 75% DU CHIFFRE D’AFFAIRES

Trouvé sur les lieux, Moustapha Sène, mareyeur affirme. «Nous avons toujours vendu du poisson aux hôtels et aux grands restaurants. Mais, la pandémie a changé la donne. Il n’y a plus de commandes venant de ces clients-là. Ce qui nous essouffle économiquement. Nous avons perdu 75% de notre chiffre d’affaires». Contextualisant cette pandémie à l’hivernage, le mareyeur se félicite de la vente des poissons dans les quartiers. Une nouvelle activité pratiquée de plus en plus par des femmes, et des jeunes. La raison est qu’ «aujourd’hui, les clients ne viennent plus dans ce marché par peur de choper le corona qui fait des ravages. Cette nouvelle activité de nos femmes et mamans qui viennent chercher des poissons ici et ensuite vont les revendre dans les quartiers participe à maintenir le dynamisme de l’activité qui est fortement affectée par la covid-19 et l’hivernage». Yacine Ndao, une Sénégalaise toute en rondeurs, est quant à elle, vendeuse de poissons. Trouvée sur la berge, elle se livre. «Je suis ici depuis ma tendre enfance. J’ai appris ce métier de mes parents. Donc, j’en suis l’héritière. Je peux dire que l’activité a perdu toute sa densité. La ressource est de plus en plus rare et les clients aussi. Avant la covid-19, mes clients venaient ici se ravitailler. Et quelques fois, ils passaient commande commande et moi je me chargeais de la livraison, en travaillant avec des jeunes gens très dynamiques qui ont une moto »

DES CAMIONS FRIGORIFIQUES PRESQUE VIDES

Au quai de pêche de Hann, la situation est la même. Seules quelques personnes occupent les lieux qui jadis, ne désemplissaient pas. Tout laisse deviner une situation particulière mais surtout difficile à vivre. La Covid19 dicte sa loi. Les camions frigorifiques sont presque vides. La ressource est rare comme le confirme Cheikh Mbaye. «Voilà depuis bientôt une semaine que nos camions frigorifiques sont stationnés ici Nous attendons à avoir du poisson. Mais c’est difficile parce que les pêcheurs ne vont plus en mer en période d’- hivernage. D’où la rareté de la ressource».

Toutefois, il nourrit l’espoir de trouver la denrée à tout moment : «Ceux qui sont en mer depuis des semaines peuvent arriver à tout moment. D’ailleurs ils commencent à arriver au compte-gouttes. Nous ne perdons pas espoir. Ceux qui sont arrivés, nous confirment que d’autres suivront, voire les semaines à venir». Un autre homme, la cinquantaine révolue confirme la même situation trouvée à Soumbédioune. «Ici, l’activité est presque au point mort. Regardez cette pirogue à quai. La pêche n’est pas abondante. En période d’hivernage comme d’habitude, il est difficile de trouver du poisson».

Pour ce qui est de la vente des poissons dans les quartiers, il dira: «Ce commerce se développe de plus en plus et surtout depuis le début de cette pandémie à covid-19». Mais, «il n’altère en rien l’activité proprement dite». Car, croit-il savoir: «Chacun devrait pouvoir se tirer d’affaire. Nous la considérons comme activité connexe qui participe au développement du secteur».