ALIOU SAMBA CISS MAIRE DE DIASS DIT TOUT : «Je n’ai jamais encaissé mon salaire…

La mairie de Diass est aujourd’hui une des plus en vue du pays, du fait des infrastructures qui y sont implantées, notamment l’aéroport internationale Blaise Diagne. Dans cet entretien avec saafentv.com, le maire Aliou Samba Ciss est revenu largement sur sa gestion, notamment ses réalisations, les difficultés de la mairie, le budget et le foncier qui suscitent souvent beaucoup de débat et de polémique, mais aussi les prochaines élections locales.

La commune de Diass est aujourd’hui une des communes les plus en vue du pays, avec l’installation de l’aéroport international Blaise Diagne et d’autres structures. Comment vivez-vous cette situation ? 
  
Aliou Samba Ciss : Vous avez parfaitement raison. Cette situation, nous la visons au quotidien. La commune de Diass, non seulement abrite l’aéroport international, mais aussi de grandes entreprises, comme les Ciment du Sahel, Siagro (Kirène) et Van Oers (entreprise agricole). Il y a aussi les carrières et autres…Ces différentes entreprises ont amené, chacune, un plus pour la commune, aussi bien en termes d’emplois que de revenus. C’est pourquoi, comme vous l’avez si bien dit, beaucoup de gens ont des vue sur la commune, qui est très en vue. Les gens viennent de partout pour chercher du travail. D’autres viennent chercher des terrains pour habiter ou installer des entreprises et autres… 
  
Tout cela doit constituer une pression sur la mairie. Comment gérer vous-tout cela? 
  
C’est l’habitude. Nous sommes habitués à gérer toutes ces situations. A vrai dire, on s’est préparé en amont. On savait que cette situation où tout le monde allait se ruer vers Diass, allait arriver. Aujourd’hui, tout tourne autour du foncier, avec les demandes soit pour des habitations soit pour implanter des entreprises. La commune de Diass fait partie de celles qui reçoivent le plus de demandes en termes de foncier. On a très tôt compris que les populations devaient prendre les devants et trouver des moyens de sécuriser leurs terres… 
  
C’est vrai que Diass est au-devant de la scène, mais aujourd’hui quand est-il du développement dans la commune, surtout en terme d’infrastructures ? 
  
Au niveau de la mairie, on a toujours voulu être visionnaire. Et on s’est préparé en termes d’infrastructures. Aujourd’hui, presque tous les villages de la commune sont électrifiés. En matière d’éducation, nous sommes à 26 écoles primaires, 7 collèges et 2 lycées. Donc on a une bonne couverture scolaire. Pour la fourniture en eau, nous sommes à 4 forages et d’autres sont en chantier. A terme, nous voulons qu’il y ait de l’eau partout et suffisamment dans la commune.  En matière de santé, nous sommes à 6 postes de santé et une douzaine de cases de santé. S’agissant des routes, des efforts considérables sont faits. Vous constaterez que le relief de la commune est très accidenté. Pendant l’hivernage, les eaux de ruissellement empruntent les routes, les détériorant. Mais chaque année une part importante du budget de la mairie sert à refaire les routes. Mais comme le budget de la mairie de peut pas faire de grand travaux comme le goudronnage, on essaie depuis lors de sensibiliser les autorités et les sociétés comme Ageroutes pour qu’ils nous viennent en appui. 
En matière de sport, nous sommes à 6 stades clôturés. La mairie s’est impliquée dans l’organisation des compétitions navétanse qui avait connu un arrêt de presque plusieurs années. On est parti de 7 Asc, à une quarantaine aujourd’hui. Et chaque année, une subvention et des équipements leurs sont ai remise. Ça a créé un engouement dans la commune. D’ailleurs même un partenariat est en perspective entre la mairie et les instances supérieures du navétane. 
Sur le plan social également, les actions de la mairie et du maire en personne, sont nombreuses. Nous assistons tout le monde pendant les évènements religieux, toutes les religions confondues : conférence, gamou, pèlerinage de Popenguine, carême, ramadan…Pour les tidiane, on est par exemple à quelque 80 dahiras. Et chacun est appuyé pendant le gamou. Pendant la magal aussi nous appuyons les membres de la communauté mouride. Idem pour les chrétiens de la commune durant le pèlerinage marial. 
  
  
Il y a aussi la question de l’accompagnement des jeunes, surtout, mais aussi des femmes. Qu’est-ce que la mairie a fait en ce sens ? 
  
Là aussi, des efforts considérables sont faits. Pour les jeunes et les femmes, chaque année, des crédits révolving leurs sont accordés. Il y a pour cela, un partenariat avec la mutuelle Imsec, qui accorde des prêts à des taux très supportables pour les bénéficiaires. En perspective de l’installation de l’aéroport, on a mis en place un programme de formation de chauffeurs. Aujourd’hui on est a quasiment 500 permis, dont 500 jeunes formés et ayant un métier et peuvent prétendre aux postes de chauffeurs au niveau de l’aéroport, mais aussi des nombreuses entreprises qui s’implantent dans la localité. De même, plus de 200 jeunes ont été formés, au niveau Bac +2, dans des métiers aéroportuaires. Et il y a une compagnie qui, en partenariat avec la mairie, a déjà recruté plusieurs de ces jeunes. 
Il y a aussi le projet Van Oers (projet maraicher de grande envergure). On a été visionnaire en comprenant très tôt son importance pour la commune et en faisant tout le nécessaire pour l’accueillir. Au début les gens ne comprenaient pas et on a été beaucoup critiqué. Mais aujourd’hui, tout le monde reconnait que le projet est très bénéfique pour la localité. Car, là où chaque jour, 3000 à 5000 personnes trouvent du travail, c’est forcent bénéfique. S’il n’y avait pas cette entreprise, tous les gens qui y travaillent allaient venir assiéger la mairie pour solliciter une assistance. Mais tous ces jeunes et femmes qui travaillent arrivent à gagner bien leur vie. Et c’est à l’honneur de la mairie et du maire qui s’est personnellement engagé pour l’installation de Van Oers. 
  
Vos détracteurs vous attaquent souvent personnellement en vous accusant de profiter de votre position de maire. Qu’en dites-vous ? 
  
Ce ne sont que des accusations gratuites qu’il faut mettre dans le cadre de l’adversité politique. Au contraire c’est moi qui sers la commune au lieu de s’en servir. La meilleure preuve, est le fait que je n’ai jamais encaissé mon salaire. Mon salaire sert à payer des ordonnances pour les gens qui viennent solliciter un soutien en ce sens. C’est mon salaire, je pouvais en disposer autrement, mais j’ai préféré le retourner aux populations qui m’ont fait confiance. 
Vous avez vu la commune, les constructions sont modestes, nos bureaux et nos équipements sont modestes. Des gens nous reprochent même cela. Mais les choses dont je vous ai parlé plus haut, la réalisation des infrastructures, l’accompagnement des jeunes et des femmes dans la formation et l’emploi, les actions sociales, sont prioritaires par rapport à l’embellissement de la mairie et au confort du maire et du personnel. 
  
On sait que les communes sont confrontées à des problèmes de recettes souvent trop insuffisantes. Comment vous faites pour vous en sortir ? 
  
En toute modestie, nous nous en sortons pas mal. Fait rare, dans nos commune, notre compte administratif est toujours voté à temps. Je ne dirai pas qu’on est une exception, mais je sais que les communes dans cette situation sont rares. On n’a jamais eu de déficit et encore moins de dette au niveau du trésor. Jamais ! Or nous savons que les communes du Sénégal sont des communes endettées.  Vous n’avez jamais entendu que les employés de la commune de Diass font une marche ou un sit-in pour des questions de salaire ou autre. Il n’y a aucun partenaire ou prestataire qui se plaint de ne pas être payé par la mairie. 
Pour les recettes, on est en train d’élargir l’assiette fiscale. En un moment donné aussi, on avait écrit à tous les contribuables pour qu’ils s’acquittent de leurs impôts. On fait aussi beaucoup d’effort pour le recouvrement de la patente. Nous ne cessons aussi d’inviter les populations à payer leur impôt qui est de 600F cfa par personne et par an. C’est encore difficile de recouvrer cet impôt. Et pourtant les gens payent facilement une carte de crédit de 1000 f cfa par jour. Les populations doivent comprendre que c’est leur participation à la marche de la commune. Payer cet impôt, c’est participer au budget, pour lequel, les gens demande pourtant des comptes. 
  
A combien s’élève le budget annuel de la mairie? 
  
Cette année, ça a atteint pour a première fois, 800 à 900 millions. Ça progresse d’année en année. Mais notre particularité, c’est la prudence. Le budget c’est une affaire de prévision. Ça ne sert à rien de viser très haut, des milliards, alors que vos recettes ne peuvent pas vous permettre d’atteindre ses prévisions. Mon objectif et celui du conseil municipal a toujours été d’avoir un budget sincère… 
  
Aujourd’hui quel sont les principaux problèmes auxquels sont confrontés la mairie ? 
  
Comme je l’ai souligné lus haut, il y a la question des routes. Ça demande des investissements lourds, qui ne sont pas dans les capacités de la maire. C’est pourquoi nous n’avons jamais cessé de solliciter de l’aide au niveau de l’Etat central comme des sociétés nationale du secteur. On doit aussi relever davantage le défi de l’emploi des jeunes, malgré les efforts faits. Il faut que  les infrastructures et projets installés ici, puissent contribuer à l’emploi de la jeunesse locale. Par exemple, la mairie est en concertation permanente avec LAS pour voir comment avec elle, et les sous-traitants au niveau de l’aéroport, recruter le plus de populations locales. 
  
Il y a aussi le problème du foncier et la mairie est souvent pointée du doigt dans les litiges fonciers… 
  
Le problème foncier est inhérent à la vie des hommes. Les problèmes de foncier et d’eau vont toujours accompagner les hommes.  Quand le développement vous tombe dessus, il y a forcément des impacts et des changements à vivre. Ces changements peuvent vous être bénéfiques, comme ils peuvent vous faire perdre des avantages et acquis. Mais la mairie a tout fait pour préserver les intérêts des populations, en anticipant sur la situation actuelle et en faisant en sorte par exemple, que chaque fils de la commune ait un terrain où construire et habiter. Seulement il y a des gens qui revendent leurs parcelles et se retrouvent sans endroit où habiter. Ce n’est pas la faute de la mairie. Parfois aussi se sont les gens qui se créent eux-mêmes des problèmes en voulant contourner la mairie et passer par d’autres voies pour obtenir des terres. Et quand il y a problème après, on accuse la mairie et c’est elle qui se retrouvent finalement avec le problème. 
  
Il y a beaucoup d’affaires judiciaires…… 
  
En tant que maire, je ne suis jamais allé en procès pour une affaire de foncier. Les problèmes, c’est entre les populations. Les plaintes et procès, c’est toujours entre les populations, mais pas entre les populations et la mairie ou le maire. Au contraire, ce qu’on fait à la mairie, c’est arbitrer et chercher des solutions pour régler ces problèmes administrés. 
  
Vous présidez aux destinées de Diass depuis plus de 15 ans, e tant que président du conseil rural d’abord, puis en tant que maire. Quel est le secret d’Aliou Samba Ciss ? 
  
Il n’a pas véritablement de secret. Mon secret, c’est ce que j’ai déjà évoqué le long de mes propos. Quand on est maire et qu’on ne se préoccupe pas des populations, qu’on les snobe, on ne peut pas avoir leur confiance aussi longtemps. Si on est maire est qu’on n’anticipe pas sur les préoccupations et besoin des gens, on n’ira pas loin. Si on est maire, et que les gens ont besoin par exemple de case de santé, d’école ou autres chose, il faut être en train de la réaliser avant même qu’ils ne fassent la demande. Il n’y pas de secret, il faut juste se mettre au service des gens, anticiper sur leurs préoccupation et les prendre en charge autant que l’on peut. Quand les gens ont un maire qui est à leurs services, ils n’ont pas besoin d’aller chercher un autre. Quand vous vous engagé entièrement aux côtés des gens, ils vous le rendent. 
Avant l’avènement de Macky Sall et de Benno bokk yakaar, vous étiez maire opposant, mais vous n’avez jamais accepté de transhumer, malgré les sollicitations de l’ancien pourvoir… 
  
J’ai dit au président Wade que je préfère rester dans l’opposition jusqu’à ce que mon parti (AFP) aille au pouvoir. Et pourtant beaucoup de maire avaient retourné leur veste. Moi je suis resté fidèle à mes engagements politiques. En un moment donné, il y a eu des pressions explicites ou implicites. Quatre jours après ma discussion avec le président Wade (au lancement des travaux de l’Aibd), on m’a envoyé des enquêteurs (Ige). Ils ont fait du temps ici et on passé au peigne fin toutes les actions de la mairie. Mais partout où ils sont allés à travers la commune, ils se sont rendu compte à travers les réalisations et els témoignages des populations, que c’est moi-même qui se saigne pour la mairie et les populations et non le contraire. 
Aujourd’hui, tout se passe bien. Je travaille avec Bby dont je suis le coordonnateur dans la commune. Si Bby a gagné la commune à plus de 60%, c’est grave à la personne du maire. Avant que Bby ne donne des moyens, nous mettons nos propres moyens. 
  
 Mais il y a des frictions internes au sein de Bby Diass. Il y a des membres de la coalition qui ne se reconnaissent sous votre autorité…. 
De toute façon, celui qui ne veut pas être diriger ne va jamais diriger. Aujourd’hui je suis l’autorité de Bby et c’est le président Sall lui-même, en tant que chef de la coalition, qui a décidé que dans chaque commune, c’est le maire qui est responsables de  BBY. Maintenant celui qui veut se mettre à l’écart, on y peut rien, même si on aimerait être tous dans la même dynamique unitaire. 
  
On va bientôt à de nouvelles élections. Est-ce que vous les préparez déjà. Et surtout, est-ce que vous serait candidat aux prochaines locales ? 
  
On n’attend pas le jour-j pour être dans les élections. Nous sommes toujours sur le terrain et plus que jamais dans les cœurs des populations. Maintenant pour une candidature, , chaque chose en son temps. Le moment venu, l’opinion sera édifiée sur notre décision.  Mais ce qui est sûr, la population ira dans le sens que nous indiquerons.  Il y a beaucoup d’agitation certes, mais on sait qui est qui, et qui représente quoi, dans la commune. Je préciserai que je n’ai jamais rien demandé. Les gens m’ont spontanément toujours fait confiance et m’ont toujours sollicité. Ce sont des gens qui sont venu me voir pour me proposer d’être chef de leur parti (Afp) au niveau local. Idem quand il a fallu élire un président de communauté rural, puis un maire… 

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